jeudi 6 février 2014

Le déclic

Cette silhouette surabondante que je trimbale avec moi depuis des années est l'équivalent de l'encombrement qu'on ressent lorsqu'on part en randonnée avec un énorme sac à dos. Cela demande de la force pour passer outre les remarques, de l'effort pour vivre avec tous les jours et bien évidemment l'acceptation d'une telle situation. 
Je ne suis pas la seule à penser que rien ne pourra jamais changer, que ces bourrelés qu'on supporte mais qu'on a créé de notre propre chef, sont irrémédiables. On essaye tant bien que mal de paraitre normal alors qu'à l'intérieur de cette enveloppe disgracieuse, bouillonne une rage indescriptible et un dégout certains pour ce que nous sommes. "Vouloir être" est notre mot d'ordre, en rien notre ligne de conduite. 

Jusqu'au jour où le coup dur nous explose en mille morceaux. De simples mots insignifiants suffisent : tu es grosse. Un pronom, un verbe, un adjectif qualificatif qui détrônent toute cette solide carapace que l'on s'est efforcées de bâtir.
Cette phrase est sortie de la bouche de mon premier amour, il y a de cela deux jours. Nous ne sommes plus ensemble, juste amis. Si tant est qu'un ami vous juge sur votre physique... Je me suis effacée, comme prévu, prenant cette remarque au second degré. Comment réagir autrement ?
Mais ce bouillonnement, toujours. Je ne peux plus supporter d'être perçue comme la grosse de la famille, de la bande de copains, de l'entreprise. 

Au boulot ma vieille, on va perdre ces kilos ! 

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